Bibliographie Liens   Accueil

Musculature Thoracique de Machilide et de Lepismatide

J.BARLET

Parmi les Aptérygotes, les Thysanoures possèdent la musculature thoracique la plus riche. Les muscles moteurs des segments thoraciques de Lepisma comportent 19 paires de longitudinaux dorsaux, 23 de longitudinaux ventraux et 26 de dorso-ventraux obliques. Chez le Machilide Lepismachilis on trouve respectivement 24, 25 et 31 paires : à noter que je n'ai pu homologuer que très peu d'éléments d'un Thysanoure à l'autre : les deux musculatures semblent s'être diversifiées en relation avec les nécessités mécaniques différentes. La richesse relative du Machilide, surtout quant aux muscles dorso-ventraux, paraît corrélative à l'adaptation au saut. Chez Lepisma les musculatures longitudinales ventrale et dorsale sont, d'un segment à l'autre, plus homonomes, comme d'ailleurs aussi les sclérites et le squelette interne, et leur agencement permet les mouvements ondulatoires du corps.

La musculature du flanc actionnant la base de la patte comporte chez Lepisma, 92 paires de muscles (27 prothoraciques, 32 mésothoraciques, 33 métathoraciques) et chez le Machilide, 58 (25 prothoraciques, 17 mésothoraciques et 16 métathoraciques). La plus grande richesse de Lepisma (surtout en pleuro-notaux) est en relation avec le fait qu'aux trois segments les arcs pleuraux, anapleure et catapleure, restent individualisés, mobiles l'un par rapport à l'autre; de plus, le trochantin s'est séparé de la coxa qui joue librement sur lui grâce à son articulation latérale. Toute cette structure autorise des mouvements variés de la base des pattes, d'où une plus grande richesse en muscles. Au prothorax d'ailleurs, s'observe une réduction des pleuro-notaux en relation avec un début de fusion des deux arcs pleuraux. Par contre, chez le Machilide, le prothorax est plus riche que les deux segmets suivants : les deux arcs pleuraux y sont encore différenciés et portent de nombreuses insertions musculaires. Le trochantin ne s'est pas séparé de la coxa mais celle-ci est très mobile grâce à la conformation de son articulation latérale avec la base du pleure. Au contraire, la pauvreté en muscles du flanc des méso- et métathorax semble corrélative à l'effacement de l'anapleure et au mode d'articulation de la coxa sur le catapleurite : le trochantin (constituant le rebord supérieur de la coxa) joue sur celui-ci par une articulation antérieure et une postérieure ne permettant au segment supérieur de la patte que des mouvements dans le plan transversal.

En résumé, dans les deux types de Thysanoures ici comparés, là où la région pleurale comporte plusieurs sclérites libres, donc mobiles, existent un plus grand nombre de muscles. Il se confirme ainsi que l'évolution du squelette et des muscles est allée de la complexité à la simplification.

Malgré les différences que présentent les deux types de Thysanoures, un nombre non négligeable de muscles des trois segments du Lépisme et du prothorax du Machilide a pu être retrouvé chez certains Crustacés non seulement supérieurs (Décapodes) mais également archaïques (Anaspides).